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Written by: Samira Njoya

Les technologies robotiques s’imposent désormais comme un moteur clé de transformation économique sur le continent. Le Burkina Faso fait un pas décisif : la conception locale d’un robot humanoïde illustre la montée en puissance de l’innovation nationale et les ambitions du pays dans ce secteur émergent.

La Semaine du Numérique, organisée du mardi 18 au vendredi 21 novembre à Ouagadougou, a été marquée par la présentation d’un robot humanoïde conçu et assemblé par des ingénieurs burkinabé. Cette première nationale arrive au moment où la robotique connaît un essor rapide en Afrique, offrant au Burkina Faso une fenêtre stratégique pour entrer sur un marché technologique en pleine expansion.

Bien que fabriqué en Chine, le robot baptisé G1 a été entièrement calibré, programmé et intégré sur place. Il peut fonctionner de manière autonome ou être téléopéré, avec une autonomie d’environ quatre heures, et est destiné à des usages variés : éducation, industrie, recherche et assistance sociale. Ce projet illustre non seulement les compétences locales, mais aussi le potentiel du Burkina Faso de participer activement à la croissance du marché de la robotique sur le continent.

Selon Statista, la robotique de service en Afrique devrait générer 659 millions de dollars en 2025, avec une forte croissance attendue jusqu’en 2029. La robotique industrielle atteindrait environ 104 millions de dollars la même année. Le segment de l’IA appliquée à la robotique progresse également rapidement, avec un potentiel estimé à près de 590 millions de dollars en 2025, tandis que l’automatisation industrielle robotisée avoisine 421,9 millions de dollars.

Plusieurs pays africains se positionnent déjà comme des pionniers. L’Afrique du Sud, le Nigeria ou encore la Tunisie ont dévoilé dès 2024 leurs premiers robots humanoïdes ou robots de sécurité, s’appuyant sur des écosystèmes technologiques plus matures. Selon l’Indice de Préparation aux Technologies de Frontière de la CNUCED publié en avril 2025, ces pays figurent parmi les plus avancés du continent en matière de robotique et d’intelligence artificielle.

Pour le Burkina Faso, qui amorce tout juste son entrée dans ce domaine, le défi est désormais de transformer cette première réalisation en véritable dynamique industrielle. Les obstacles restent nombreux : difficulté d’accès aux composants électroniques importés, manque d’ingénieurs spécialisés, absence de normes nationales pour la robotique, infrastructures numériques limitées et coûts énergétiques élevés.

Pour accompagner cette dynamique, le Burkina Faso prévoit de créer une académie polytechnique pour former des spécialistes en robotique et en intelligence artificielle, d’acquérir des datacenters nationaux pour sécuriser et héberger localement les données, et de soutenir le développement d’outils d’IA conçus sur place. L’objectif est de transformer l’expérience du G1 en un véritable écosystème national capable de concevoir, tester et déployer des solutions robotiques adaptées aux besoins du pays, tout en stimulant l’innovation et l’autonomie technologique.

Samira Njoya