Written by: Isaac K. Kassouwi
Le numérique est vu comme un levier d’emploi des jeunes qui constituent la majeure partie de la population du continent. Selon la Banque mondiale, 230 millions de métiers en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.
Le gouvernement sierra‑léonais a lancé, mercredi 17 décembre, le programme « Learn2Earn », une initiative visant à améliorer l’employabilité des jeunes à travers le freelancing numérique. Mis en œuvre en partenariat avec l’UNICEF, le programme ambitionne de préparer les jeunes à la génération de revenus en ligne, dans un contexte marqué par la rareté des emplois traditionnels.
La cohorte pilote rassemble 30 participants engagés dans un programme d’un mois combinant sessions d’orientation en présentiel, mentorat virtuel et candidatures à des missions réelles de freelance. « Le programme a été conçu pour accompagner les participants de l’apprentissage à la génération de revenus, à travers le mentorat, la pratique concrète et la responsabilisation, avec l’appui de freelances expérimentés opérant sur des plateformes telles qu’Upwork et Bounty », a expliqué Jesse Kamara, responsable de l’innovation au ministère de la Communication, de la Technologie et de l’Innovation (MoCTI).
Selon le ministère, « Learn2Earn » propose une voie alternative d’insertion professionnelle au sein de l’économie mondiale des petits boulots (gig economy). Il vise à répondre au fossé croissant entre le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail et la disponibilité limitée des emplois classiques. Le programme s’inscrit également dans l’objectif du MoCTI de contribuer à la création de 65 000 emplois dans les secteurs de la technologie et de l’innovation, alors que la Banque mondiale estime que 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.
Cette initiative intervient dans un contexte socioéconomique tendu. La Banque africaine de développement (BAD) estime que le taux de chômage des jeunes en Sierra Leone s’élevait à 10 % en 2022, tandis que le sous‑emploi demeure nettement plus élevé. Par ailleurs, une enquête d’Afrobarometer, publiée en septembre, révèle que 57 % des Sierra‑Léonais ont déjà envisagé de quitter le pays, dont 55 % à la recherche de meilleures opportunités d’emploi.
Au‑delà des compétences requises, le développement du freelance soulève plusieurs interrogations structurelles. Il pose notamment la question de l’accès effectif des jeunes aux équipements numériques comme les ordinateurs, les smartphones adaptés ou les logiciels. À cela s’ajoute une connectivité Internet fiable, de qualité et financièrement abordable. À titre d’illustration, selon DataReportal, la Sierra Leone comptait 1,8 million d’utilisateurs d’Internet au début de l’année 2025, soit un taux de pénétration de seulement 20,7 %.
Isaac K. Kassouwi
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