
KAMPALA, Ouganda, 16 décembre, 2025-/African Media Agency (AMA)/- Le dernier Rapport 2025 sur le paludisme dans le monde de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) met en évidence une réalité alarmante : le paludisme demeure l’un des défis sanitaires les plus pressants en Afrique. Avec une estimation de 282 millions de cas et environ 610 000 décès dans le monde en 2024, le continent continue de supporter l’essentiel du fardeau, en particulier parmi les enfants de moins de cinq ans.
Cinq pays, à savoir le Nigéria, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, le Mozambique et l’Ouganda, représentent à eux seuls plus de la moitié des cas mondiaux.
Selon le rapport Goalkeepers 2025, 4,6 millions d’enfants sont décédés en 2024 avant leur cinquième anniversaire. En 2025, ce chiffre devrait augmenter pour la première fois depuis le début du siècle, de plus de 200 000, pour atteindre environ 4,8 millions d’enfants. Cela équivaut à plus de 5 000 salles de classe d’enfants disparus avant même d’apprendre à écrire leur nom ou à lacer leurs chaussures.
« À travers l’Afrique, nous perdons chaque jour des enfants à cause d’une maladie que nous comprenons et que nous savons prévenir. Chacune de ces pertes est une profonde tragédie, non seulement pour une famille, mais aussi pour les communautés et les économies. Ce qui rend la situation encore plus déchirante, c’est que le paludisme est un problème que nous pouvons résoudre. Aujourd’hui, notre responsabilité est claire : intensifier les solutions existantes, innover avec éthique et veiller à ce qu’aucun enfant ne perde la vie à cause d’une maladie évitable», a déclaré Krystal Birungi, scientifique ougandaise et activiste pour la lutte contre le paludisme.
Le Rapport 2025 sur le paludisme dans le monde souligne la résistance croissante aux médicaments antipaludéens en Afrique et la nécessité urgente de stratégies complémentaires. Les progrès en matière de diagnostic, de surveillance, de vaccination, de lutte antivectorielle, de distribution des traitements et d’engagement communautaire seront essentiels pour obtenir des résultats durables.
En Ouganda, le paludisme continue de faire des ravages, avec environ 13,6 millions de cas et plus de 16 204 décès. Malgré les avancées en matière de prévention et de traitement, les progrès dans la réduction de la mortalité restent inégaux, les cas et les décès étant concentrés dans les districts à forte transmission. Les pays voisins d’Afrique de l’Est et d’Afrique de l’Ouest font face à des défis similaires, liés à la résistance aux médicaments, aux pressions climatiques, aux crises humanitaires et aux lacunes dans l’accès aux interventions.
Une feuille de route pour le changement
Le rapport Goalkeepers trace une voie claire dans un contexte où les systèmes de santé mondiaux sont sous tension et où les progrès reculent. Pour la première fois depuis le début du siècle, la mortalité infantile devrait augmenter : une réduction de 20 % des financements de la santé pourrait entraîner 12 millions de décès supplémentaires d’enfants d’ici à 2045.

Les actions les plus déterminantes pour la prochaine décennie comprennent notamment :
- le renforcement des systèmes de santé primaires afin que les agents de première ligne puissent diagnostiquer et traiter le paludisme rapidement et de manière cohérente ;
- l’extension des outils éprouvés, notamment les vaccins antipaludiques, les moustiquaires imprégnées d’insecticide, les diagnostics rapides et l’administration des traitements en temps opportun ;
- l’investissement dans des solutions de nouvelle génération, allant d’outils améliorés de lutte antivectorielle à des innovations génétiques développées de manière responsable pour compléter les mesures existantes ;
- le soutien au leadership scientifique local, en veillant à ce que les chercheurs et institutions africains pilotent le développement et la mise en œuvre des futurs outils ;
- l’intégration des voix communautaires, en reconnaissant que la confiance et la compréhension sont essentielles au succès de toute intervention.
« La recherche et le développement d’outils émergents tels que l’impulsion génétique pour la lutte antivectorielle nécessitent non seulement une rigueur scientifique, mais aussi un engagement et une communication clairs, accessibles et pertinents », a déclaré Naima Sykes, Directrice de l’engagement mondial des parties prenantes pour Target Malaria à l’Imperial College London.
« Les communautés et les parties prenantes souhaitent comprendre comment ces technologies fonctionnent, comment elles sont développées. En tant que personnes potentiellement concernées par ces recherches, elles sont impliquées dans leur développement. De leur côté, les chercheurs doivent être ouverts à la compréhension et à la prise en compte des points de vue de ces groupes. Lorsque l’information circule dans les deux sens, de manière transparente et ancrée localement, la confiance se renforce. Et la confiance est essentielle au progrès. Notre rôle est de doter les parties prenantes des connaissances nécessaires pour s’engager dans la science, tout en restant à l’écoute de ce que nous pouvons également apprendre d’elles. »
Elle a ajouté que, dans un contexte de montée de la désinformation, la communication devient en soi une intervention de santé publique.
« Lorsque les faits sont clairs et que les populations se sentent incluses, elles sont en mesure d’agir. C’est ainsi que nous, Africains, pouvons construire un avenir durable où le paludisme ne vole plus la vie de nos enfants. »
Krystal Birungi a souligné que l’Afrique se trouve à un moment décisif.
« Les chiffres récents ne sont pas de simples données, ils représentent des vies, des avenirs et des générations entières de potentiel. Le continent est face à un choix : poursuivre une trajectoire où des maladies évitables emportent des millions de jeunes vies, ou s’engager résolument à intensifier les outils éprouvés, investir dans la science et renforcer les systèmes de santé qui protègent les familles. »
Une voie existe. Elle est fondée sur des preuves, portée par l’expertise africaine et soutenue par l’innovation et les partenariats communautaires. Avec une action décisive, la prochaine décennie peut marquer un tournant, un avenir où chaque enfant en Afrique a la possibilité non seulement de survivre, mais de s’épanouir.
Distribué par African Media Agency pour Target Malaria.
Notes aux rédacteurs :
À propos de Target Malaria
Target Malaria est un consortium de recherche à but non lucratif qui vise à développer et partager des technologies génétiques nouvelles, bénéfiques et rentables afin de modifier les moustiques et de réduire la transmission du paludisme. Sa vision est de contribuer à un monde sans paludisme. Le programme s’engage à l’excellence dans tous les aspects de son travail, en traçant une voie pour une recherche et un développement responsables de technologies génétiques telles que l’impulsion génétique.
Target Malaria reçoit un financement de base de la Fondation Gates et de Coefficient Giving. L’organisation bénéficiaire principale est l’Imperial College de Londres avec des partenaires en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord.
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